
Guinée : Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense, condamné à 5 ans de prison par la CRIEF
Conakry, 18 décembre 2024, La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a prononcé une lourde condamnation à l’encontre de Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense sous le régime d’Alpha Condé. Reconnu coupable de détournement de fonds publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux, il écope d’une peine de 5 ans de prison et d’une amende de 5 milliards de francs guinéens.
Quels sont les faits qui lui sont reprochés ?
Mohamed Diané, en détention depuis avril 2022, a également été condamné à verser 500 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts à l’État guinéen. Ses biens ont été confisqués, marquant ainsi un tournant dans la lutte contre la corruption en Guinée. Cette condamnation intervient à l’issue d’un procès entamé en mars 2023.
Diané, qui a occupé le poste de ministre de la Défense de 2015 à 2021, a maintenu une position de silence tout au long de son procès, exigeant d’être jugé en homme libre. Refusant de répondre aux questions du tribunal, il a demandé à ses avocats de se retirer, dénonçant une procédure qu’il considère comme inéquitable.
Une défense contestataire !
Dans un communiqué publié après le verdict, ses avocats ont qualifié cette décision d’« injuste » et d’« infondée ». Ils ont rappelé avoir suspendu leur participation au procès, dénonçant des violations des droits de la défense, notamment le refus des autorités d’appliquer une décision de la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant la libération immédiate de leur client.
Contexte politique et judiciaire
La CRIEF, créée par les autorités militaires en janvier 2022, s’inscrit dans la volonté affichée par le régime de transition dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya de rétablir l’État de droit. Depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2021, Doumbouya a promis de lutter contre la corruption et de remettre de l’ordre dans la gestion des finances publiques.
Mohamed Diané n’est pas la seule figure politique à être poursuivie. Amadou Damano Camara, ancien président de l’Assemblée nationale, a récemment été condamné à 4 ans de prison pour des faits similaires. Par ailleurs, Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre, est toujours en détention dans l’attente de son procès.
Réactions et implications
Pour de nombreux observateurs, ces procès traduisent une volonté claire des autorités de sanctionner les dérives de l’ancien régime. Cependant, les critiques dénoncent une justice sélective et instrumentalisée. Le verdict contre Mohamed Diané envoie un message fort, mais suscite également des interrogations sur l’avenir de la transition et la capacité des autorités à respecter les standards internationaux en matière de droits humains.
Alors que le pays reste marqué par des tensions politiques et sociales, cette affaire reflète les défis auxquels est confronté le gouvernement de transition dans sa quête de transparence et de réformes institutionnelles.