Macky Sall : Un Retour en Politique Sous le Signe des Législatives Anticipées

Six mois après avoir quitté la présidence du Sénégal, Macky Sall revient sur la scène politique nationale avec une décision forte : sa démission du poste d'envoyé spécial pour le Pacte de Paris (4P). Ce poste, confié par le président français Emmanuel Macron, symbolisait son retrait de la politique active après avoir renoncé à briguer un troisième mandat. Aujourd’hui, Macky Sall fait un choix radical, celui de mener la liste de la coalition d’opposition Takku-Wallou pour les législatives anticipées du 17 novembre 2024.

Une Transition Planifiée ou un Rebond Politique ?

L'annonce de sa démission intervient dans un contexte politique tendu au Sénégal. Interdit par la Constitution de briguer un troisième mandat, Macky Sall avait laissé la présidence à un successeur lors des dernières élections. Son départ de la scène politique semblait sceller la fin d'une ère. Pourtant, son retour en tant que tête de liste de l’opposition marque un tournant inattendu.

Dans sa lettre de démission adressée à Emmanuel Macron, Sall précise qu'il veut éviter tout « conflit d'intérêts » entre son rôle international et son engagement politique local. Une justification que certains interprètent comme un retour calculé, visant à peser sur les élections législatives et, potentiellement, à imposer une cohabitation avec le parti au pouvoir, Pastef.

Un Leadership Contesté

S'il est clair que Macky Sall n’a jamais totalement quitté la sphère politique, son retour à la tête de la coalition d’opposition soulève des interrogations. Yoro Dia, ancien porte-parole de Sall, affirme que « Macky Sall n’était pas pressé de quitter la politique, mais simplement la présidence. » Ce retour s'inscrit dans une stratégie visant à redonner des chances à l'opposition, affaiblie depuis le départ de l'ex-président.

Pour d’autres analystes, Macky Sall n'agit pas seulement par ambition politique. Selon Elimane Haby Kane, du centre de réflexion Legs Africa, l’ancien président cherche avant tout à se protéger d’éventuelles enquêtes judiciaires. « Il veut éviter qu’une majorité écrasante au Pastef puisse lui retirer toute protection à l'Assemblée nationale, notamment concernant des accusations potentielles de haute trahison. » L'installation d'une Haute Cour de Justice par une majorité parlementaire hostile pourrait en effet placer Sall dans une position vulnérable, une hypothèse que son entourage réfute catégoriquement.

La Stratégie de la Cohabitation

La participation de Macky Sall aux législatives vise à rétablir l’équilibre des forces politiques au Sénégal. En orchestrant une cohabitation avec Pastef, il espère limiter le pouvoir du président en place. Ses partisans soulignent les « errements » du gouvernement actuel, insistant sur le fait que « les Sénégalais ont pu juger par eux-mêmes » durant ces six mois. L’enjeu est donc d’enrayer la dynamique actuelle pour rétablir une opposition forte au sein de l'Assemblée nationale.

L'Incertitude du Retour au Pays

Reste à savoir si Macky Sall reviendra au Sénégal pour faire campagne en personne. Exilé au Maroc depuis mars dernier, l'ancien président n'a pour l'instant pas annoncé de date officielle de retour. Une absence prolongée pourrait handicaper sa stratégie, alors que la campagne électorale s’intensifie. Certains de ses proches espèrent qu’il viendra renforcer le dynamisme de la coalition Takku-Wallou dans les semaines à venir, d’autant que l’enjeu de ces élections va au-delà d’une simple recomposition politique.

En définitive, le retour de Macky Sall en politique, par la voie des législatives anticipées, s’apparente autant à une réaffirmation de son influence qu’à une tentative de verrouiller certains acquis, tout en cherchant à rétablir un équilibre face à un gouvernement de plus en plus contesté. Ses prochains gestes politiques seront donc observés de près, tant au Sénégal qu’à l'international.