Kamala Harris au cœur d'une polémique autour d'un job étudiant chez McDonald's

C'est un argument de campagne inhabituel pour un public français, mais il fait son chemin aux États-Unis. Kamala Harris, candidate démocrate à la présidentielle américaine, évoque dans une publicité son emploi étudiant chez McDonald's dans les années 1980. Cette mention vise à souligner son appartenance à la classe moyenne et le fait qu'elle a dû travailler pendant ses études, comme beaucoup d'Américains.

Cette anecdote n'a pas manqué d'agacer Donald Trump. Sur son réseau social Truth Media, il s'exclame : « Kamala a dit qu'elle avait travaillé à McDonald's. C'est faux. Mensonge ! » Ses partisans ont rapidement relayé cette accusation sur les réseaux sociaux, citant un article du Washington Free Beacon, un média conservateur. Selon cette enquête, l'information serait fausse, car Kamala Harris n'aurait pas mentionné cette expérience professionnelle sur son CV. Certains pro-Trump vont plus loin en affirmant que McDonald's aurait démenti l'avoir employée, comme rapporté par le compte Trump Fact News en français sur X, le 31 août.

 Aucune confirmation officielle

Cependant, cette allégation est infondée. McDonald's ne s'est jamais exprimé sur le sujet. Le média américain Snopes, spécialisé dans la vérification des informations, a tenté de contacter l'enseigne sans succès.

Les journalistes de Snopes se demandent d'ailleurs s'il est réellement possible de prouver l'existence de ce job étudiant. Pour cela, il faudrait que Kamala Harris ait conservé une photo d'elle à l'époque, ce qui était moins courant dans les années 1980. De plus, il est peu probable que McDonald's dispose d'archives détaillant les emplois de tous ses employés dans toutes ses franchises sur plusieurs décennies.

L'absence de cette expérience sur le CV de Kamala Harris n'est en aucun cas une preuve de mensonge. En effet, tout le monde ne mentionne pas tous ses anciens emplois, surtout ceux qui ne sont pas directement liés à la carrière que l'on souhaite poursuivre. Kamala Harris, après ses études de droit, est devenue procureure, un parcours éloigné des fast-foods.

McDonald's et le vote des classes populaires

Cette polémique soulève également une autre question : accorde-t-on vraiment autant d'importance aux jobs étudiants des personnalités politiques ? Apparemment, oui. Sous ses aspects anecdotiques, cette controverse est devenue un argument de poids pour Donald Trump dans sa campagne contre Kamala Harris. Des millions d'internautes ont réagi à cette histoire. Par exemple, une publication de Peter J. Hasson, patron du Washington Free Beacon, a été vue plus de 17 millions de fois sur le réseau social X.

Aux États-Unis, McDonald's représente bien plus qu'une simple chaîne de restauration rapide ; c'est un symbole très politique. Ce débat s'inscrit dans une lutte pour s'attirer les voix des classes populaires. Qui de Kamala Harris, se revendiquant de la classe moyenne et ayant travaillé chez McDonald's, ou de Donald Trump, le milliardaire amateur de fast-food, qui s'affiche régulièrement en train de déguster un Big Mac, réussira à convaincre ces électeurs lors de la présidentielle ?

La désinformation, une stratégie politique

Cette histoire démontre aussi l'ampleur de la désinformation en tant qu'outil stratégique dans la campagne présidentielle. Depuis l'annonce de sa candidature, Kamala Harris est la cible de nombreuses fausses informations, rumeurs et accusations. Par exemple, à la fin du mois d'août, franceinfo a démystifié une infox selon laquelle la candidate démocrate aurait repris un slogan nazi durant sa campagne, une allégation totalement infondée. Les articles de vérification des infox sur Kamala Harris remplissent des pages entières du site internet de Snopes.

Ces vagues de désinformation jettent le discrédit sur les propos de Kamala Harris et étouffent les débats sur les véritables enjeux, laissant peu de place pour discuter des programmes et des sujets essentiels.