Élection présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed en passe de gagner un second mandat

Les résultats des élections présidentielles de ce dimanche en Tunisie montrent que Kaïs Saïed, l'actuel président, est sur le point d'être réélu avec environ 89,2 % des voix, selon un sondage de sortie des urnes réalisé par l'institut Sigma. Ce résultat était largement anticipé dans un contexte où l'opposition et la société civile considéraient le scrutin comme biaisé en faveur de Saïed, particulièrement après l'incarcération de son principal rival, Ayachi Zammel, quelques semaines avant le scrutin.

Kaïs Saïed, élu pour la première fois en 2019, a pris le contrôle quasi total du pouvoir en 2021, dissout le Parlement et gouverne par décret. Cette concentration des pouvoirs s'accompagne d'une répression croissante contre les voix dissidentes. Plusieurs opposants politiques ont été emprisonnés, et beaucoup de ceux qui avaient l'intention de se présenter aux élections ont été déclarés inéligibles, soulevant des préoccupations concernant la santé démocratique du pays.

Outre Saïed, deux autres candidats étaient en lice : Zouhaïr Maghzaoui, ancien allié du président, et Ayachi Zammel, qui a été arrêté avant les élections et a purgé une peine de six mois pour falsification de documents, accusation qu'il conteste. Ces développements illustrent une tendance inquiétante de répression politique, avec des arrestations de politiciens et de figures publiques critiques envers le régime en place.

Le taux de participation aux élections a été de 27,7 %, un chiffre qui soulève des inquiétudes quant à l'engagement civique en Tunisie. Ce taux de participation est nettement inférieur aux 55 % observés lors des élections précédentes. Les défections dans les rangs des électeurs peuvent également être attribuées à la désillusion grandissante vis-à-vis du système politique et à la situation économique précaire du pays, qui continue de peser sur les ménages tunisiens.

Malgré une hausse des revenus du secteur touristique et une aide financière accrue de pays européens préoccupés par la question de l'immigration, les Tunisiens font toujours face à des pénuries fréquentes, des coupures d'électricité et d'eau, ainsi qu'à une inflation galopante. Les critiques soulignent que les promesses de Saïed de lutter contre la corruption et de réformer l'économie restent largement inachevées, laissant les citoyens dans un état d'incertitude face à l'avenir.

Les analystes politiques notent que même si Saïed bénéficie d'un certain soutien populaire, notamment parmi ceux qui le voient comme un combattant de la corruption, la concentration des pouvoirs et les répressions répétées pourraient nuire à la stabilité à long terme du pays. La société tunisienne est à un tournant, et l’avenir politique de la Tunisie dépendra de la capacité du président à naviguer à travers ces défis tout en répondant aux attentes croissantes de ses concitoyens.

Les résultats officiels devraient être annoncés par la commission électorale lundi soir, marquant une nouvelle étape dans un chapitre déjà tumultueux de la démocratie tunisienne.