À quelques jours du scrutin présidentiel américain, prévu mardi prochain, l'attente des résultats pourrait s'étirer. Seront-ils disponibles quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, comme en 2016, ou faudra-t-il attendre plusieurs jours, voire des semaines, comme en 2020 ? Décryptage d’un enjeu crucial.
Le compte à rebours a commencé : dans six jours, les électeurs américains choisiront celui ou celle qui occupera le Bureau ovale pour les quatre prochaines années. La tension est palpable, surtout dans les États-clés, où Kamala Harris et Donald Trump intensifient leurs efforts pour convaincre les derniers indécis. Selon l’agrégateur de sondages FiveThirtyEight, les deux candidats sont au coude-à-coude, annonçant l'une des élections les plus serrées de l'histoire des États-Unis.
Dans ce contexte, une question revient : combien de temps faudra-t-il pour connaître le vainqueur ? En général, les résultats sont annoncés le soir même, sauf en cas d'exception. En 2016, le verdict est tombé à 2h30 (heure de la côte Est) après la victoire de Trump dans les "Swing States". Mais en 2000, l'élection a été marquée par des semaines de bataille juridique et un recomptage en Floride, nécessitant une décision controversée de la Cour suprême en faveur de George W. Bush, 36 jours après le scrutin.
En 2020, il a fallu quatre jours pour que la victoire de Joe Biden soit officialisée par les voix décisives de la Pennsylvanie. Cette défaite, que Donald Trump n’a jamais reconnue, a culminé avec l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Cette année encore, le républicain laisse planer le doute sur sa réaction en cas de défaite, affirmant lors d’un débat avec Joe Biden qu’il ne reconnaîtrait sa défaite que si l’élection se déroulait de manière "juste et légale".
Selon un sondage de l'institut SSRS pour CNN, 69 % des Américains estiment que Trump pourrait refuser le verdict du scrutin. Voici les scénarios probables pour le 5 novembre.
Une majorité claire pour Donald Trump
Si Donald Trump l'emporte avec une large majorité de grands électeurs, les résultats pourraient être officialisés dès la nuit du 5 au 6 novembre. "Les démocrates accepteraient plus facilement une défaite sans ambiguïté", analyse Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès.
Une majorité claire pour Kamala Harris
À l’inverse, une majorité nette pour Kamala Harris pourrait déclencher des accusations de fraude et des recours juridiques de la part des républicains. "Les deux camps se préparent à une bataille juridique, avec une armée d’avocats mobilisée", souligne Ludivine Gilli.
Une élection serrée avec des résultats différés dans les États-clés
Si l'élection est très serrée, des États-clés comme la Pennsylvanie et le Wisconsin pourraient retarder l'annonce des résultats en raison des règles spécifiques de dépouillement des votes anticipés et par correspondance. En 2020, le vote par correspondance avait atteint un record de 64 millions de bulletins, entraînant un délai dans l'annonce des résultats. "Selon les États, la vérification des bulletins par correspondance peut débuter avant ou le jour même du scrutin", explique Ludivine Gilli.
En Pennsylvanie et au Wisconsin, le dépouillement des votes par correspondance ne commence que le jour du scrutin, ce qui pourrait reporter les résultats de plusieurs jours et alimenter les accusations de fraude, notamment du côté républicain. "Si les résultats tardent, on pourrait ne pas connaître le vainqueur avant le 7 ou 8 novembre, laissant le temps à Donald Trump de déclarer une victoire prématurée", estime Ludivine Gilli.
Enfin, la bataille pourrait se prolonger devant les tribunaux, retardant le résultat définitif de plusieurs semaines. En 2020, Trump avait lancé 61 recours, dont un seul avait abouti.
Cette année, les États doivent certifier leurs résultats avant le 12 décembre, selon la loi fédérale et l'Electoral Count Reform Act de 2022. Le 17 décembre, les grands électeurs se réuniront pour voter officiellement. Mais il faudra attendre la session conjointe du Congrès le 6 janvier 2025 pour confirmer qui occupera la Maison Blanche.