Niger : le gouvernement engage des poursuites contre Radio France Internationale

Le gouvernement du Niger a annoncé, jeudi 12 décembre 2024, son intention de porter plainte contre Radio France Internationale (RFI). Cette décision, prise lors d’un conseil des ministres, accuse le média français de « désinformation » et d’ « incitation à la violence intercommunautaire » sur le territoire nigérien. Un communiqué officiel diffusé à la télévision publique précise que cette action judiciaire vise à répondre à une « campagne de manipulation » supposément orchestrée par le média.

Les faits reprochés à RFI

Selon les autorités nigériennes, RFI aurait publié des informations erronées concernant une attaque perpétrée dans le département de Téra, près de la frontière avec le Burkina Faso. Le gouvernement affirme que le bilan annoncé par RFI – présentant 90 soldats et une cinquantaine de civils tués – diffère considérablement des chiffres officiels. L’armée nigérienne avait initialement rapporté la mort de dix soldats et sept blessés. Ce décalage aurait, selon Niamey, alimenté les tensions internes et nuirait à l’image du pays à l’échelle internationale.

Les autorités accusent également RFI de servir d’outil de « propagande » au service de la politique extérieure française, dans un contexte diplomatique déjà tendu entre les deux pays.

Une relation dégradée avec la France

Cette plainte s’inscrit dans une période de relations conflictuelles entre le Niger et la France, aggravée par le coup d’État militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023. Depuis cet événement, les autorités nigériennes ont accusé Paris de tentatives de déstabilisation, des accusations systématiquement rejetées par la France, qui affirme soutenir le Niger dans la lutte contre le terrorisme.

La couverture médiatique de RFI sur les récents attentats terroristes au Niger est perçue par le gouvernement comme une tentative de manipulation de l’opinion publique. Selon les autorités, ces reportages auraient contribué à un climat de division et à une exacerbation des violences communautaires.

Suspension des programmes et réactions

Depuis août 2023, les programmes de RFI sont suspendus au Niger. Cette mesure s’inscrit dans une politique plus large des nouvelles autorités militaires visant à limiter l’influence des médias étrangers, en particulier français. Les autorités avaient également expulsé l’ambassadeur français et annoncé la fermeture des bases militaires françaises sur leur territoire.

Si le gouvernement affirme vouloir préserver sa souveraineté et contrer toute ingérence étrangère, ces mesures ont suscité des critiques. Des organisations de défense des droits humains y voient une atteinte à la liberté de la presse et une tentative de contrôle de l’information.

Un contexte régional sous tension

La plainte contre RFI intervient dans un cadre régional marqué par une instabilité croissante au Sahel. Le Niger, confronté à des attaques récurrentes de groupes armés, fait face à des défis sécuritaires et économiques majeurs. La décision de Niamey de réguler l’activité des médias internationaux reflète une volonté de maîtriser le discours public sur la situation du pays.

Pour les observateurs, cette initiative traduit une tension croissante entre la volonté d’affirmer la souveraineté nationale et le besoin de maintenir une ouverture au dialogue avec les partenaires internationaux. Le dénouement de cette affaire judiciaire pourrait être déterminant pour les relations franco nigériennes dans un avenir proche.

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