Ce jeudi 13 février 2025, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) doit rendre son verdict dans le procès de l’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana. Une affaire judiciaire qui, ouverte en mars 2023 après un an de détention préventive, a été marquée par des rebondissements incessants et l’absence notable de l’accusé.
Arrêté en mars 2022, Kassory Fofana, figure emblématique du régime d’Alpha Condé, est accusé de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption et complicité ». Ces accusations graves ont placé son procès sous les projecteurs, faisant de lui un symbole de la lutte contre la corruption en Guinée. Pourtant, depuis le début des audiences en mars 2023, l’ancien Premier ministre n’a jamais comparu devant la cour, invoquant des problèmes de santé.
Hospitalisé dans un centre médical privé de Conakry depuis près de deux ans, Kassory Fofana a systématiquement refusé de se présenter à la barre, malgré les convocations répétées de la CRIEF. Cette absence a alimenté les polémiques, certains y voyant une stratégie de la défense pour retarder le procès, d’autres un signe de la détérioration de son état de santé.
Le procès a également été rythmé par des témoignages contradictoires, des pièces à conviction contestées et des accusations de partialité portées contre la cour. Les avocats de la défense n’ont cessé de dénoncer une « parodie de justice », affirmant que leur client n’a jamais eu l’opportunité de se défendre équitablement. Malgré ces critiques, la CRIEF a poursuivi les audiences, tenant compte des éléments à charge et des témoignages recueillis.
Aujourd’hui, la cour s’apprête à rendre un verdict qui pourrait condamner Kassory Fofana par défaut à une peine allant jusqu’à cinq ans de prison, accompagnée d’une amende substantielle. Une décision qui, selon ses avocats, sera immédiatement contestée en appel.
Au-delà de l’aspect judiciaire, ce procès soulève des questions plus larges sur l’état de la justice en Guinée. Il met en lumière les difficultés de la lutte contre la corruption dans un contexte politique complexe et interroge sur l’équilibre entre transparence et respect des droits de la défense.
Le verdict de ce jeudi 13 février 2025, attendu avec impatience, pourrait marquer un tournant dans cette affaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Reste à savoir si elle contribuera à renforcer la confiance dans les institutions judiciaires ou si elle alimentera les critiques sur leur fonctionnement.
La Rédaction Politique