Évaluation des Partis Politiques en Guinée : Analyse Juridique et Réactions dans la Classe Politique

Conakry, 31 octobre 2024 — La diffusion récente des résultats d’évaluation des partis politiques par le Ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a provoqué une vague de réactions au sein de la classe politique guinéenne. Cette initiative du MATD vise à analyser le fonctionnement des partis, leur financement et leur conformité aux obligations légales, notamment celles définies dans le Code électoral guinéen. Toutefois, le contexte de cette publication soulève des interrogations, notamment sur les intentions du gouvernement quant à une possible disqualification de certains partis pour des élections à venir.

 

L’évaluation des partis politiques par le MATD s’appuie sur des critères tels que l’implantation nationale, la régularité dans le dépôt des rapports d’activités, et la transparence financière, conformément à la loi L/2005/013/AN. Cette loi encadre la création et la régulation des partis politiques en Guinée, stipulant que chaque parti doit justifier de sa conformité et se soumettre à une redevabilité régulière envers l’État. La redevabilité des partis, souvent rappelée par le MATD, vise à renforcer la démocratie en obligeant les formations politiques à un suivi institutionnel de leurs actions.

 

Plusieurs acteurs politiques ont réagi, dont des leaders d’opinion qui interprètent cette évaluation comme une tentative d’écarter certains partis avant les échéances électorales. Selon Abdoul Sacko, activiste politique, « une telle démarche, bien que légitime en principe, aurait dû être réalisée hors période électorale pour éviter des soupçons de manipulation ». D’autres personnalités, telles que Bella Kamano, ont défendu l’action du MATD, affirmant que cette évaluation prouve « la transparence et l’indépendance de l’administration publique » et qu’il ne s’agit en rien d’une tentative d’élimination de certaines factions politiques.

 

Fodé Mohamed Soumah, membre influent de l’opposition, souligne également que cette évaluation pourrait compromettre l’équité du processus démocratique si elle se solde par des interdictions administratives touchant principalement les partis d’opposition. Il dénonce ainsi un « suicide politique » pour certains partis qui pourraient se voir exclus des futures échéances pour de simples défauts administratifs, bien que légitimes.

 

L’évaluation des partis politiques en Guinée représente une initiative louable pour garantir l’intégrité des institutions politiques, mais elle doit s’accompagner de critères et d’un timing qui assurent son impartialité. La question demeure : cet exercice administratif pourrait-il, dans son exécution actuelle, devenir un levier de contrôle sur l’opposition ? Pour certains, cette démarche est cruciale pour crédibiliser le système, mais sa mise en œuvre dans une période tendue suscite des craintes pour la transparence des processus électoraux en Guinée.

 

Alors que le débat continue d’alimenter l’opinion publique, le MATD reste ferme dans son engagement à poursuivre cette démarche. Cette évaluation, selon ses représentants, permettrait à terme d’améliorer la scène politique guinéenne en consolidant les partis sérieux et en éliminant ceux qui, par leur manque de transparence, constituent une entrave à la démocratie guinéenne.

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