Les relations ambiguës entre des responsables politiques français et le régime de Bachar al-Assad au centre des critiques
La chute récente de Bachar al-Assad en Syrie a relancé le débat sur les relations ambiguës qu'ont entretenues certains responsables politiques français avec son régime. À droite comme à gauche, des prises de position passées jugées conciliantes envers le président syrien déchu font l’objet de vives critiques, tandis que les voyages et déclarations en soutien à Damas sont remis en lumière.
La droite et le soutien explicite à Assad
Le Rassemblement national (RN) est particulièrement visé pour ses liens historiques avec le régime syrien. Marine Le Pen, cheffe de file du parti, a régulièrement défendu Bachar al-Assad, le qualifiant de "dirigeant autoritaire" plutôt que de "barbare". En 2015, elle mettait en doute les chiffres des victimes imputées au régime et les preuves des attaques chimiques contre des civils, préférant dénoncer "la propagande américaine".
Des membres influents du RN, comme Thierry Mariani, se sont rendus à plusieurs reprises à Damas. L'eurodéputé, qui qualifie Assad d'"ami", a conduit en 2016 une délégation française de parlementaires auprès du dictateur syrien. Ces voyages, souvent justifiés comme des "missions d’observation", ont été perçus par beaucoup comme un soutien tacite au régime. Jordan Bardella, actuel président du RN, a récemment déclaré que la chute de Bachar al-Assad était une "catastrophe", craignant une aggravation des flux migratoires et des tensions au Moyen-Orient.
Les ambiguïtés à gauche, Mélenchon en ligne de mire
À gauche, les positions passées de Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), sont également épinglées. En 2015, Mélenchon avait exprimé son soutien à l’intervention russe en Syrie, ce qui lui vaut aujourd'hui des accusations d’avoir minimisé les crimes du régime. L’activiste syrien Firas Kontar lui reproche d’avoir justifié des bombardements ayant ciblé des civils.
Nathalie Loiseau, rapporteure sur la Syrie au Parlement européen, a récemment rappelé des déclarations de Mélenchon datant de 2019, où il appelait la France à "aider l’armée syrienne" face aux forces turques. Mélenchon s'est défendu en affirmant que ses propos avaient été sortis de leur contexte et qu'il ne visait qu’à soutenir les Kurdes, alliés de la France dans la lutte contre l'État islamique.
Un héritage complexe de la diplomatie française
Le soutien au régime syrien ne se limite pas aux partis actuels. L’histoire des relations franco-syriennes remonte à plusieurs décennies. Jacques Chirac, alors président, avait noué des liens étroits avec Hafez al-Assad, le père de Bachar, pour préserver l’influence française au Liban. En 2000, il assiste aux obsèques de l’ancien dictateur et décore son fils de la Légion d’honneur. Nicolas Sarkozy, à son tour, invite Bachar al-Assad au défilé du 14 juillet 2008, avant que le régime ne devienne un paria sur la scène internationale après 2011.
Un rappel des atrocités du régime syrien
La répression sanglante des manifestations prodémocratie de 2011 et les attaques chimiques contre des civils, notamment dans la Ghouta en 2013, ont marqué un tournant. Ces événements, attribués au régime de Damas, ont coûté la vie à des centaines de milliers de Syriens, dont de nombreux enfants. Malgré les preuves accablantes, certains responsables politiques français continuent de remettre en cause les faits ou de minimiser les crimes.
Un avenir incertain pour la Syrie
Alors que la Syrie entre dans une nouvelle phase d’instabilité après la chute d'Assad, les divisions politiques en France sur la gestion de ce dossier demeurent. Si certains responsables politiques tentent aujourd'hui de prendre leurs distances avec leurs positions passées, les critiques ne cessent d'affluer, mettant en lumière le poids des relations diplomatiques et idéologiques dans la conduite de la politique étrangère française.